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Les PRAHDA : antichambres des expulsions

Depuis la fin juillet le gouvernement a mis en place un « programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile (PRAHDA) ». Cependant, il s'avère que, loin d'être accueillis, les migrants qui y sont hébergés dans des conditions souvent déplorables reçoivent les uns après les autres leurs arrêtés d'expulsion. Nous relayons ici le communiqué du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples).

« Je ne veux plus d’ici la fin de l’année avoir des hommes et des femmes dans les rues, dans les bois. Je veux partout des hébergements d’urgence. » lançait le 28 juillet, le président de la république, Mr Macron.

Belle promesse sans doute mais qui déjà se heurte aux faits !

La Société Nationale Immobilière (SNI) qui gère les biens de l'Etat, filiale de la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC) a acheté 62 hôtels Formule 1 et en a confié la gestion à ADOMA dans le cadre d’un « programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile (PRADHA) ».

Peu à peu, le rôle réel de ces PRADHA se précisent. Après avoir été triés, les demandeurs d’asiles sont transférés dans ces établissements en vue d’une expulsion vers les pays européens où ils sont arrivés en Europe et ont laissé leurs empreintes, parfois par la force comme en témoignent plusieurs de ces « dublinés ».

Ces PRADHA ne correspondent pas aux normes d’hébergements collectifs :  le manque de matériel empêche de faire la cuisine pour tous et toutes, l’exigüité des locaux, le manque de personnel et de moyens et l’éloignement des villes s’apparentent à de la maltraitance institutionnelle, tant du point de vue physique que psychologique. Les témoignages des associations et citoyens en sont nombreux.
L’ensemble des demandeurs d’asile de ces PRADHA seront peu à peu assignés à résidence, recevront un avis de transfert, avec un risque permanent de se retrouver en centre de rétention « officiel » puis d’être expulsés par avion. Cette politique terrorise aussi des familles  dont les enfants ont fait la rentrée scolaire cette semaine.
Le MRAP s’inquiète aussi des pressions de certaines directions d’ADOMA sur leur personnel largement insuffisant. Il demande une commission d’enquête sur ces nouveaux lieux privatifs de liberté. Il demande qu’immédiatement les mesures matérielles nécessaires soient prises pour que les migrants soient correctement traités sur le plan matériel, physique et psychologique et que leurs droits soient respectés.

Le MRAP, fait sienne la déclaration du Défenseur des Droits qui rappelle que les « renvois au nom de Dublin ne sont pas obligatoires1 » : il existe « une clause dans le règlement de Dublin qui permet à la France de prendre leur demande d’asile en compte, comme il existe un article de notre Constitution qui permet aussi de le faire ».

Paris le 7 septembre 2017