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Une famille avec trois enfants dont un bébé de 6 mois a été illégalement enfermée en rétention par le préfet du Haut-Rhin, avant d’être renvoyée dans un avion privé vers la Finlande. Elle risque désormais une expulsion vers l’Afghanistan. Une situation d'autant plus inacceptable que l'on connait les risques encourus par les personnes expulsées vers ce pays (voir l'article du 06/10/2017).

La famille de nationalité afghane a été expulsée dans la matinée du 11 octobre dans un avion privé spécialement affrété par le ministère de l’intérieur. « Cet enfermement et cette expulsion interviennent au lendemain de la déclaration du ministre Gérard Collomb qui fait l’amalgame entre terroristes et migrants, s’offusque du laxisme de certains préfets et pointe les « dysfonctionnements » d’un système. Pourtant la machine à expulser fonctionne pour des familles dont le seul crime est d’être entré en Europe par un autre pays que la France et le gouvernement fait le choix de mener ces expulsions en toute illégalité » a déclaré Jean-Claude Mas, secrétaire général de La Cimade.

Alors que la famille avait respecté les conditions d’une assignation à résidence, une dizaine de policiers est venue chercher les parents et leurs trois enfants (deux petites filles de 6 et 11 ans et un bébé de 6 mois) à l’aube dans l’hôtel où ils étaient hébergés dans le Haut-Rhin. Après avoir été enfermée pendant une journée au local de rétention administrative de Saint-Louis, la famille a été expulsée dans un avion privé au départ de l’aéroport de Mulhouse vers Helsinki. En Finlande, ils risquent une expulsion vers Kaboul.

La préfecture du Haut-Rhin, avec l’aval du ministère de l’intérieur pourtant alerté par La Cimade, s’est chargée de mettre en œuvre cette expulsion en toute illégalité : illégalité de l’interpellation à domicile, illégalité de l’enfermement de trois jeunes enfants et illégalité du placement en rétention administrative des personnes sous le coup d’une procédure « Dublin » (Cour de cassation, 27 septembre 2017, n°17-15160). La décision d’affréter un avion privé a permis au ministère et à la préfecture de s’affranchir du contrôle de la justice et du regard de la société civile.

Au-delà de l’illégalité de cette procédure, La Cimade rappelle que l’enfermement des mineurs est une mesure extrêmement grave. Les centres de rétention sont des lieux anxiogènes et traumatisants, plus particulièrement pour des enfants.La France a déjà été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme dans cinq affaires le 12 juillet 2016.

Aujourd’hui, nous réitérons la demande de moratoire sur toutes les expulsions de personnes de nationalité afghane et la fin des enfermements d’enfants en rétention.

Djelil GUIGMA, élève de CAP maçonnerie à Jean Monnet, est Burkinabé. Suite au décès de son père, il a décidé de venir en France. Après un voyage au cours duquel il a été emprisonné un mois et rançonné en Lybie, il est arrivé à Lyon en février 2017. Il avait 15 ans et 4 mois. Il a été mis 4 mois dans un hôtel par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) sans être scolarisé malgré ses demandes. La Police aux frontières (PAF) a prétendu que son acte de naissance était faux. Il a été soumis à des tests d’âge osseux qui lui ont attribué un âge de… 29 ans ! Convoqué à la police le 7 juin, il était arrêté, menotté et placé en rétention. Après presque un mois d’emprisonnement, Djelil était expulsé le 3 juillet vers l’Italie, pays par lequel il avait transité. Un « détail » qui en dit beaucoup : les policiers ont jeté sa valise…  Il a passé trois jours à la rue avant d’entreprendre le voyage de retour. Jeudi 6 juillet, il arrivait à Paris. Il était récupéré par des militants du RESF et hébergé. Ses documents d’identité ont été authentifiés par l’ambassade du Burkina : il n’a pas encore 16 ans.

Muni de ces pièces, Djelil s’est présenté fin août à l’ASE des Hauts-de-Seine. Il a été placé dans un hôtel à Chatillon (92). Il s’est inscrit au lycée Monnet. Il y suit assidument ses cours. Il est délégué de sa classe.

Mais, pour faire des économies, l’ASE du 92 a décidé de le renvoyer à Lyon et de le mettre à la porte de l’hôtel de Chatillon où il était placé. Il est désormais à la rue.

C’est évidemment inadmissible. Nous demandons qu’il puisse poursuivre ses études dans le lycée qui l’a accueilli et que sa prise en charge (hébergement, suivi) soit assurée par le département conformément à la loi. Signons la pétition !

Depuis plusieurs mois,  les ONG intervenant en Méditerranée sont accusées de "collusion avec les passeurs", de créer un "facteur d'attraction" et même de mettre en danger la vie des migrants ! Ces associations qui sauvent des vies en mer font ainsi l'objet d'attaques et de diffamation de la part de la justice italienne et de Frontex et dernièrement de l'extrême droite européenne. Nous relayons ce communiqué de Migreurop qui alerte sur cette situation qui met en danger les sauveteurs et les migrants qu'ils tentent de secourir.

Fin 2016, l’agence Frontex et le consortium militaire européen Eunavfor Med ont ouvert le bal des critiques dans deux rapports internes : les ONG de sauvetage y étaient accusées de collusion avec les passeurs. En avril 2017, le procureur de Catane (Italie) a repris ces mises en cause et tenté de poursuivre pénalement certaines ONG, avant de reconnaître qu’il n’avait pas de preuves à l’appui de cette « hypothèse de travail ». Ce sont ensuite les gardes- côtes libyens qui ont attaqué, en mai 2017, le bateau de l’association allemande Sea Watch afin de conduire les personnes secourues par l’ONG dans des centres de détention en Libye. Depuis quelques semaines, l’extrême droite européenne s’est lancée dans une consternante opération de collecte de fonds dont le but affiché est de financer des interventions en mer pour « défendre l’Europe » et empêcher les bateaux des ONG de répondre aux obligations internationales de sauvetage en mer.

...continuer la lecture de "Les militants identitaires veulent empêcher les secours en mer"