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Vendredi dernier, le 20 mars 2020, nous devions nous rassembler Place du Palais Royal, comme chaque 3ème vendredi du mois depuis exactement 12 ans, pour composer pendant une heure un cercle de silence.

Notre Cercle de Silence s’est constitué pour la 1ère fois, à la suite des Frères Franciscains de Toulouse, le 21 mars 2008, à l’initiative de plusieurs mouvements et associations (RESF, Réseau franciscain Gubbio, CIMADE, MIR, CCFD-TS, FEP, LDH, entre autres), sur la base de notre texte d’appel inchangé jusqu’ici,

pour dénoncer les traitements inhumains subis par les migrants, les réfugiés, les demandeurs d'asile, les mineurs isolés laissés à la rue

Traitements inhumains, qui, malgré nous, sont exercés en notre nom

Nous avons choisi de nous exprimer, non par des manifestations bruyantes, mais par le Silence. Un silence habité par notre cri de protestation, à travers lequel nous disons :

  • Non aux traitements inhumains envers les migrants !
  • Non aux lois contraires aux conventions internationales et aux lois morales reconnues par toutes les cultures !
  • La rétention, déjà inadmissible en temps normal, l'est encore plus en cette période de crise sanitaire. Même dans les textes qui l'encadrent, la rétention administrative ne doit durer que le temps nécessaire à l'éloignement de la personne concernée. Or, avec les frontières qui se ferment, il n’existe plus de perspective de renvoi. Dans ce contexte, la rétention ne se justifie plus. Alors, nous joignons nos voix à celles des associations qui ont déjà tiré la sonnette d'alarme et comme elles nous demandons la libération des personnes retenues, ainsi qu’un accueil correct des personnes actuellement à la rue, leur permettant de respecter les mesures sanitaires et de protéger leur santé.

Nous avons été contraints d’annuler ce cercle du 20 mars du fait des mesures gouvernementales, mais en témoignage de leur détermination, les personnes solidaires de cet appel, à Paris et dans toute la France, s’engagent chacune à rester en silence chez elles pendant une heure, et à y inviter leurs proches, le mardi 31 mars de 18h30 à 19h30, et à renouveler cette initiative chaque dernier mardi du mois pendant toute la durée du confinement.

« Notre conscience ne pouvait l'accepter, et nous dénoncions ces traitements envers ces personnes pour le seul fait d'être entrées en France pour vivre mieux ou pour sauver leur vie. Notre Humanité est blessée par de telles actions ».

Alain RICHARD




Le 5 octobre a eu lieu en diverses villes de Bretagne une rafle qui a abouti à l'expulsion de 33 géorgiens avec les violations des droits humains inhérentes à ce genre d' opération. Nous partageons ici un témoignage recueilli par La Cimade qui nous a profondément marqués.

        Le vendredi 4 octobre 2019 à 6H15, la famille G. est réveillée par une vingtaine de policiers qui se sont introduits calmement dans leur appartement, la porte étant laissée ouverte. Ils ne savent pas encore qu’ils sont la cible d’une vaste opération policière sans précédent en Bretagne, coordonnée par Frontex* à l’encontre de plusieurs familles géorgiennes.

        Ils demandent à Giorgi (prénom modifié) le père de famille d’aller réveiller son fils, un homme de 30 ans souffrant « d’un syndrome autistique pouvant générer des troubles du comportement à type d’agitation ou d’agressivité sous tendus par une angoisse d’anéantissement majeure ». C’est indiqué en toutes lettres dans le certificat médical détaillé que Giorgi brandit aux forces de l’ordre qui n’en ont cure. Seuls les chiffres comptent !

        Un grand carton est posé au centre de l’appartement pour rassembler en quelques minutes les quelques biens matériels accumulés dans ce lieu, où ce couple d’une cinquantaine d’années et leurs fils vivent depuis 7 ans. Pas le temps de s’habiller, ni d’autorisation de passer aux toilettes, « vous prendrez votre petit-déjeuner en Géorgie » déclare avec cynisme un policier à la famille.Terrorisée par cette intrusion policière dans leur domicile, la mère de famille n’arrive pas à prononcer une parole. Elle enfile un pantalon sur son pyjama et commence à rassembler leurs affaires.

         Elle entend les cris de son fils qui se frappe le visage et se mord les poignets en découvrant à son réveil 8 hommes armés dans sa chambre. Il est aussitôt neutralisé, menotté au sol par 5 policiers, 2 lui bloquent les jambes pendant que 2 autres appuient sur son dos avec leur genou et que le 5e lui maintient la nuque avec son pied. Aussitôt la mère de famille tente de s’interpeller pour protéger son fils, mais elle est brutalement menottée les mains dans le dos sur une chaise. Pendant ce temps, Giorgi se taillade les deux bras avec une lame de rasoir.

        Malgré cet acte désespéré, il se retrouve neutralisé au sol comme son fils, face contre terre avec les bras ensanglantés. La PAF appelle les pompiers qui interviennent rapidement et demandent qu’il soit conduit aux Urgences en constatant la profondeur des plaies. La PAF refuse et demande aux pompiers de lui faire des pansements afin de le conduire à l’aéroport. 6 véhicules de police attendent la famille au pied de leur immeuble. La mère et son fils sont emmenés à l’aéroport, suivi par Giorgi dans un autre véhicule. Ils sont également séparés à l’aéroport.

        Un médecin a été réquisitionné pour cette opération. « C’est la seule bonne personne » présente précise Giorgi. Devant l’état agité du fils, il tente de joindre le psychiatre qui le suit, car la PAF a refusé de transmettre le certificat médical remis au domicile.

        Le psy confirme que la pathologie est incompatible avec une expulsion. Le médecin demande alors aux policiers de conduire Giorgi à l’hôpital et cette fois-ci ils obtempèrent. Pendant ce temps son épouse est toujours enfermée dans une pièce avec son fils sous la surveillance de 3 policiers qui tentent de le calmer.

        Elle entend les cris de ses compatriotes dans les pièces voisines et le bruit du ruban adhésif pour attacher les plus résistants qui seront montés dans l’avion, attachés, bâillonnés et portés comme de vulgaires colis indésirables. La mère de famille et son fils seront libérés trente minutes après le départ de Giorgi à l’hôpital, où il sera opéré le lendemain.

        Leurs 3 corps portent encore les ecchymoses des violences policières attestées par deux certificats médicaux. Ces traces disparaîtront plus rapidement que les conséquences posttraumatiques de cette tentative d’expulsion, notamment sur le fils qui ne veut plus retourner dans leur appartement et qui est très perturbé depuis l’interpellation.

        « Pourquoi sommes-nous traités comme des terroristes ? » ne cesse de répéter la mère de famille.

Nous devons exiger que ces expulsions cessent et que les familles aient le droit de vivre en paix dans notre pays. Soyons nombreux au cercle de silence le troisième vendredi de chaque mois, place du Palais Royal !

Violences policières, intimidations, batailles juridiques... Le gouvernement fait tout pour dissuader les militants de manifester et d'aider les migrants en détresse. Pour cette rentrée, nous partageons deux guides très utiles pour vous aider dans les luttes : le Guide du manifestant arrêté publié et régulièrement mis à jour par le Syndicat de la magistrature et Délit de solidarité, le guide mis au point par Délinquants solidaires. À diffuser sans modération !

Chronopost est une marque de la Poste, spécialisée dans l'envoi du courrier express, à des tarifs élevés qui rapportent beaucoup d'argent à la Poste.

Derrière Chronopost, se cache une réalité inhumaine : pour décharger les camions et trier les colis, la Poste, par une série de sous-traitances en cascade, utilise en toute connaissance des travailleurs sans-papiers soumis à une surexploitation, sans aucun respect de la législation du travail. Ils embauchent à 3 et 5 heures du matin pour travailler jusqu'à 7H30. De cette façon, elle leur délivre des feuilles de paye la plupart du temps inférieures au mi-temps.

Nous dénonçons cette hypocrisie qui consiste à fabriquer et maintenir des travailleurs sans droits, qu'on peut alors exploiter au maximum. Il s'agit d'un véritable système organisé pour précariser les salariés, pratiquer le dumping social et faire baisser le coût unitaire du colis.

Depuis le 11 juin, plusieurs dizaines de ces travailleurs sans-papiers employés par Chronopost, sont en lutte devant l'agence d'Alfortville, présents jour et nuit pour demander leur régularisation, soutenus par plusieurs syndicats.

Le 2 juillet une rencontre a eu lieu avec un représentant de la préfecture.

Depuis la préfecture n'a pas donné de réponse officielle malgré nos relances. La direction de Chronopost, rencontrée le 9 juillet, a affirmé qu'elle n'était pas « l'employeur de ces travailleurs ». Mais elle cautionnait l'entrée quotidienne de 25 d'entre eux sans badge. Derichebourg, le sous-traitant devant qui a eu lieu une manifestation le 22 août fait silence. Quant à l'agence Mission Intérim, le pourvoyeur de main-d'œuvre, elle a été occupée le 29 juillet par les salariés de Chronopost, mais les forces de la préfecture ont organisé l'évacuation, les empêchant ainsi d'en obtenir les CERFA et les autres documents de régularisation.

À ce jour, après 3 mois de mobilisation, ni la Poste, ni le Ministère du travail, ni la préfecture ne parlent de les recevoir malgré de nombreux courriers et demandes.

Face à ce silence et au déni de la réalité que subissent des milliers de sans-papiers en France, la Marche des Solidarités, qui regroupe des collectifs de sans-papiers et des victimes des violences policières, appelle à soutenir leurs frères sans-papiers du piquet de Chronopost, au nom de l'égalité des droits et pour la construction d'une société meilleure et égalitaire.

  • La Poste doit recevoir les sans-papiers et les syndicats, reconnaître son rôle d'employeur, intégrer à ses effectifs ces salariés en lutte et leur délivrer les documents nécessaires à leur régularisation.
  • La préfecture doit régulariser l'ensemble des salariés de Chronopost
  • Liberté de circulation et d'installation en France
  • Régularisation de tous les sans-papiers
  • Égalité des droits

Manifestation Vendredi 6 septembre 2019
Départ à 15H30 M° Maisons-Alfort Ecole Vétérinaire

À l’approche des élections européennes du 26 mai, cinq associations européennes de soutien aux personnes exilées, Arci (Italie), Cear (Espagne), La Cimade (France), RSA (Grèce) et Pro Asyl (Allemagne) publient un manifeste commun.

Elles veulent par là dénoncer les aberrations et manquements de la politique migratoire européenne. Leur critique porte en particulier sur quatre points essentiels :

  • Le choix d'une politique de dissuasion plutôt que d'accueil, responsable du nombre considérable de morts et disparus en Méditerranée : partenariat avec la Libye, externalisation des frontières, hostilité face aux associations qui secourent les migrants
  • Le règlement Dublin qui nie la solidarité entre états européens et condamne les exilés à une vie d'errance
  • Les renvois de plus en plus nombreux vers des pays dits sûrs mais qui n'offrent pas la même protection que l'Union européenne
  • La généralisation des hotspots et des camps où les droits et la dignité des personnes sont quotidiennement bafoués.

Mobilisons-nous pour obtenir des futurs députés européens un changement de cap majeur et la construction d'une Europe solidaire et accueillante !

manifeste élections européennes

Venir passer ses vacances en France, avec un visa en règle et se retrouver enfermé en zone d'attente avant d'être expulsé sans autre forme de procès, une situation ubuesque, impossible dans un Etat de droit ? Pas du tout, comme en témoigne l'histoire de cette ressortissante ivoirienne relatée par l'Anafé. Pourtant munie d'une attestation de travail et de congé de son employeur en Côte d'Ivoire et satisfaisant à toutes les conditions d'entrée en France (hébergement, ressources financières suffisantes...), la PAF a pourtant décidé d'expulser Christelle vers Abidjan lors de son troisième séjour en métropole.

Une situation révoltante et illégale mais malheureusement pas exceptionnelle. Ce n'est en effet pas la première fois que des touristes en provenance d'Afrique ou d'Amérique du Sud, pourtant parfaitement en règle, se voient emmenés en zone d'attente et expulsés. La politique étrangère xénophobe européenne ne s'arrête pas aux migrations irrégulières. Même touristique ou professionnelle (visites de recherche...), parfaitement légale et justifiée, l'accès à la mobilité n'est clairement pas symétrique...


En cette période de campagne électorale, nous avons écrit aux candidats aux élections européennes pour les interpeler sur l'urgence à adopter une politique migratoire digne de ce nom, fondée sur l'accueil et la protection des réfugiés et non sur le repli sur soi et la fermeture des frontières. Nous demandons en particulier aux futurs députés européens de mettre en œuvre les douze propositions formulées par les États généraux des migrations en vue de garantir à tous ceux qui arrivent en Europe le respect de leurs droits fondamentaux et des conditions de vie dignes.

...continuer la lecture de "Le cercle de silence de Paris interpelle les candidats aux élections européennes"

Vous êtes demandeur d'asile et avez du mal à vous y retrouver dans les méandres de la législation française ? Vous aidez des demandeurs d'asile mais ne savez pas comment les conseiller au mieux ? Des bénévoles ont mis au point un guide du demandeur d'asile complet et accessible. Il est actuellement disponible en français, anglais et arabe. Des traducteurs sont les bienvenus pour le traduire dans d'autres langues. Il est régulièrement mis à jour (plusieurs fois par mois). Mieux vaut donc éviter de l'imprimer afin d'avoir toujours la version la plus à jour. Bonne lecture !

Le gouvernement a annoncé une hausse spectaculaire des frais d'inscription à l'université pour les étudiants étrangers non-communautaires : 2770 € en licence, 3770 € en master et doctorat soit plus de 10 fois les frais actuels.

Comme toujours, cette mesure va particulièrement défavoriser les étudiants issus de pays en voie de développement dont les familles n'ont pas les moyens de s'acquitter de tels frais.

Une pétition est en ligne pour demander la suppression de cette mesure injuste.

L'acharnement judiciaire se poursuit contre les militants et les aidants dans le Briançonnais. C'est avec beaucoup de révolte que nous relayons ce qui se passe à la frontière d'une France qui cherche à se murer sur elle-même.

Les 7 de Briançon lourdement condamnés

Le 13 décembre 2018, le tribunal correctionnel de Gap a déclaré les 7 de Briançon coupables d’aide à l’entrée sur le territoire d’une personne en situation irrégulière. Si la circonstance aggravante de bande organisée a été abandonnée, la lourdeur des peines prononcées (conformes aux réquisitions du parquet) marque un tournant dangereux dans la répression des personnes solidaires.

Bastien, Benoit, Eleonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo étaient poursuivi·e·s pour avoir participé, en avril dernier, à une marche solidaire pour dénoncer les violences commises par le groupuscule identitaire à l’encontre des personnes exilées dans la région de Briançon et pour protester contre la militarisation de la frontière franco-italienne. L’État leur reproche d’avoir à cette occasion « facilité l’entrée de personnes illégales sur le territoire français », et de l’avoir fait « en bande organisée ».

Benoit, Théo, Bastien, Lisa et Eleonora ont été condamnés à 6 mois d’emprisonnement avec sursis simple. Juan a été condamné à 12 mois d’emprisonnement dont 8 avec sursis simple et 4 fermes et Mathieu à 12 mois d’emprisonnement dont 4 fermes et 8 avec sursis avec mise à l’épreuve.

Lors de l’audience du 8 novembre 2018, les avocat·e·s et les prévenu·e·s ont pu dénoncer les violations quotidiennes des droits des personnes migrantes commises par les forces de l’ordre à la frontière franco-italienne, les agissements illégaux restés impunis à ce jour du groupuscule Génération Identitaire et les tentatives d’entraves au droit fondamental de manifester à la fois des prévenu·e·s mais aussi des personnes exilées.

Le Ministère public avait demandé au tribunal de condamner respectivement à 6 mois d’emprisonnement avec sursis simple pour Bastien, Benoît, Eleonora, Lisa Mais les maraudeurs ne renoncent paset Théo ; 12 mois dont 4 mois d’emprisonnement ferme et 8 avec sursis simple pour Juan ; et 12 mois dont 4 mois d’emprisonnement ferme et 8 avec sursis avec mise à l’épreuve pour Mathieu.

Au-delà de la condamnation des 7 solidaires, le tribunal est resté sourd aux témoignages et preuves apportées par la défense, faisant le jeu ainsi des pratiques illégales de l’administration, les violations des droits et la traque des personnes migrantes. Alors que des personnes exilées, auxquelles nous essayons de venir en aide, meurent sur les routes dangereuses de la frontière franco-italienne, le tribunal correctionnel de Gap a fait le choix de condamner la solidarité.

Ce jugement est rendu alors que la Cour de cassation a annulé hier des décisions condamnant des militants pour « délit de solidarité ». L’occasion de rappeler que d’autres militants solidaires des personnes migrantes de Briançon sont convoquMais les maraudeurs ne renoncent pasés devant la justice en janvier et en mars 2019.

d'après le communiqué du Comité de soutien aux 3 + 4, du Gisti, de l'Anafé et de la Cimade.

Arrestation de trois maraudeurs

Jeudi 13 décembre dans la nuit, trois personnes ont été arrêtées par la police à Briançon alors qu’elles portaient secours à des exilé·e·s par une température de – 15 degrés. Parmi les cinq personnes secourues, quatre étaient des mineurs voyageant seuls dont deux auraient été pris en charge au Refuge solidaire. Deux des maraudeurs ont été convoqués en audition libre vendredi 14 décembre. Le troisième est convoqué mercredi 19 décembre.

Mais les maraudeurs ne renoncent pas

Malgré ces condamnations et face à la situation d’urgence en montagne, les maraudeurs du Briançonnais ont annoncé qu’ils et elles continueraient à venir au secours des personnes exilées à leur arrivée sur le territoire en leur apportant thé, nourriture, chaussures, vêtements chauds dans le village de Montgenèvre (maraudes que l’on peut désormais suivre sur https://twitter.com/nos_pas).

Depuis, de nombreuses personnes se sont perdues en montagne et ont pu être secourues par des maraudeurs solidaires, alors que les conditions climatiques dans le Briançonnais sont extrêmes. Les personnes arrivent souvent transies de froid, en hypothermie, avec parfois des gelures et des blessures. Les maraudes permettent donc de sauver des vies.